dimanche 17 juin 2007

Ca fait très mal !!!!

Encore un gros mensonge pour moi.

Un soir d’été, après le repas, carotte et moi, avions rendez-vous avec Françoise pour jouer sur les marches de la salle des fêtes. Françoise était la fille de la postière. Elle allait à l’école avec nous. Et elle jouait aussi tous les jours avec nous. Elle avait deux grands frères. Des jumeaux, Paul et Jean. Tous les trois étaient très blonds et avaient de beaux yeux bleus. En secret et comme toutes les filles de l’école, j’étais amoureuse de Paul. Jean, lui disait qu’il était amoureux de ta maman, qui était encore une toute petite fille. Un soir de décembre, quand ils étaient beaucoup plus grands, Paul et Jean, qui n’avaient jamais été séparés, ont eu un accident de la route. Et Paul est mort. Et toutes les filles de Soorts pleuraient.

Donc quand nous avions une dizaines d’années, nous jouions parfois tous ensemble. Et nous faisions beaucoup de bétises.

Ce soir là, nous sommes allées, carotte, françoise et moi, rejoindre ses frères et leurs copains qui jouaient sur le fronton. Ils faisaient tous du vélo. Jean avait attaché une petite remorque en bois à son vélo. Il cherchait une fille pour jouer au taxi et la transporter dans la remorque. Mais personne ne voulait monter. Alors Paul a dit que « les filles c’était pas courageux de toutes façons… » Je n’ai pas aimé du tout cette réflexion et comme je voulais plaire à Paul, j’ai dit que j’allais monter. En plus, déjà à cet âge je détestais qu’on dise que les filles étaient moins fortes ou courageuse que les garçons.

Quand je suis montée je n’étais pas certaine que c ‘était une bonne idée, et je pensais bien que c’était dangereux.

Je me suis bien assise au fond de la remorque de bois, je me suis accrochée aux rebords, et Jean a démarré. Il pédalait, pédalait comme un fou, tout droit vers le mur du fronton. Finalement c’était très excitant. Mais quand il est arrivé au bout du fronton, il a tourné le guidon tout d’un coup, pour repartir dans l’autre sens. La remorque n’a pas du tout aimé ça. Elle ne voulait pas tourner aussi brusquement elle. Alors elle est partie vers le mur en tournant… et s’est renversée avec moi toujours accrochée aux rebords. Et elle s’est détachée. J’ai laché et j’ai atterri contre le mur du fronton. Je voyais tout tourner et je voyais Jean qui continuait de rouler. Quand il s’est arrêté, tout le monde était déjà autour de moi. Je me suis relevée, très fière et j’ai dit que je n’avais pas très mal. Mais mon dos me brûlait, mes bras étaient tout écorchés, et j’avais très envie de pleurer. La grand-mère de Jean et Paul, qui avait entendu du bruit arrivait. Elle était très méchante et faisait peur à tout les enfants. Elle a crié à tous d’arréter de jouer bruyament et nous sommes tous rentrés chez nous.

Quand je suis arrivée à la maison j’avais mal partout et quand je me suis déshabillée, manique a vu que ma colonne vertébrale était toute râpée et pleine de sang. Et là, je n’ai pas voulu lui raconter notre jeu car je savais bien qu’il ne lui aurait pas plu et que j’aurais été privée de fronton. Alors j’ai inventé qu’en montant sur une murette pour m’asseoir, j’avais râpé mon dos contre le ciment. On a mis du merchurochrome. Mais la nuit je ne pouvais pas dormir sur le dos car ça faisait trop mal. En plus le matin quand je me réveillais, ma chemise de nuit était collée sur ma colonne vertébrale et il fallait tout décoller tout doucement. Ca a duré plusieurs jours et tous les matins je pleurais de douleur. Je pensais à la bêtise, et je me disais que c’était le Bon Dieu qui me punissait pour mon gros mensonge. Mais je ne voulais pas avuer car je voulais continuer d’aller jouer avec Paul et Jean. Surtout Paul. Je n’ai dit la vérité à Manique que quand Paul est mort.

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