dimanche 29 juillet 2007

Les disparitions

Je t’ai raconté que la maison et la cour étaient grandes et qu’on pouvait y jouer dans des tas de coins. On pouvait aussi y faire des tas de bêtises comme je l’ai dit dans l’autre histoire. Il y a une bêtise que je n’ai pas faite mais que carotte, michmuch et lolotche ont faite tous les trois, c’est disparaître.

D’abord carotte. C’était un dimanche soir. On avait bien joué l’après-midi. Puis peut-être qu’o s’était disputées, je ne sais plus. En tout cas, quand manique nous a appelées pour rentrer vers 6 heures, je suis revenue seule. Pas de carotte. Je commence par aller « au sable » pour voir si elle n’y était pas restée, mais non. Je fais le tour de la grande cour et je passe par tous les petits coins. Personne. Je reviens seule encore et là manique commence à s’énerver. On cherche dans toute la maison et on ne la trouve pas non plus. Payi est prévenu et il va chercher coté Boquet, coté Madame rivol, coté poste. Il revient bredouille. Manique pleure et moi j’ai quand même un peu la trouille. Payi et manique se demandent où ils n’ont pas cherché. Elle est peut-être partie un peu plus loin…. Nous pensons qu’elle a aussi pu aller vers chez Boquet… Ou jouer chez une voisine… Alors payi repart. Trente secondes plus tard, nous le voyons revenir avec Carotte tout sourire sorti comme toujours, toute fière d’elle. Tout simplement, elle s’était assis au bord de la route pour regarder passer les voitures. Sauf que c’était juste dans une sortie de virage, en plein mois d’Août à l’heure du retour de la plage. Tranquille la Carotte. Bien sûr, elle s’est faite gronder et manique lui a ractonté tout ce qui aurait pu lui arriver de terrible. Et toute la soirée, la conversation a tourné autour de « ce qui aurait pu arriver, si »…une voiture avait roulé trop vite, si un méchant homme l’avait vue, si le tueur d’enfant était passé par le virage de l’école, si des tas de choses que manique était très forte pour trouver.

Puis Lolotche. C’était encore un dimanche. Et c’était genre fête de Soorts. Du monde partout sur la place, au bord des routes, dans la cour de l’école, dans les classes changées en vestiaires pour les coureurs cyclistes qui allaient tourner sur les routes tout l’après midi. Nous, on avait pas le droit de passer le portail, car il y avait trop de monde. Alors on regardait la course depuis la cour, derrière le grillage. Manique était à l’intérieur de la maison et Payi on ne sait pas car un jour de fête du village il avait trop de choses à faire pour être à la maison… On ne le revoyait que le soir tard. Il rentrait avec un air un peu bizarre plutôt gai, souvent quand on avait déjà mangé, et manique avait elle un air bizarre mais plutôt très en colère. Bref, donc on regardait passer les coureurs. Et mince, on s’aperçoit que Lolotche n’est plus là. On court voir si elle est rentrèe. Panique de Manique. On sort tous. On l’appelle. Manique court un peu dans tous les sens. Quand tout à coup on voit arriver le garde-champêtre avec la petite lolotche dans les bras. Elle devait avoir deux ou trois ans… Elle avait voulu voir la course de plus près. Et aussi elle avait repéré que Françoise la voisine qu’elle aimait bien était de l’autre côté de la route avec ses frères. Alors mademoiselle était sortie pour les rejoindre. Elle était allée jusqu’au bord de la route et elle avait décidé de traverser en courant pour rejoindre Françoise juste au moment du passage des coureurs, sous l’œil horrifié des spectateurs. Heureusement, ils l’avaient évitée. Encore une fois ce soir là, nous avons eu droit à la longue liste des « ce qui aurait pu arriver, si… », mais deux fois, une fois pour nous à table, et une fois quand payi est rentré.

Pour Michmuch il y a deux disparitions.

Une, encore un dimanche après-midi. Tout était calme. Nous étions tous dedans. Ou nous jouions juste devant la porte. Rien à craindre donc. Alors là, va savoir comment, personne n’a rien remarqué pendant un grand moment. Je crois que Payi et Manique devaient faire la sieste…. A leur réveil où est passé Michmuch, Coquelicot ? Je sais pas. Carotte ? Je sais pas non plus. Lolotche, elle dort dans son petit lit. Branle-bas de combat. Recherches dans tous les coins de la maison, de la cour, du tour de la cour, intérieur, extérieur, rien de rien capitaine Manique-la-Panique !!! Euh le garage vous avez regardé au fond du garage ??? Allez vite voir. Toujours rien capitaine. Et chez les voisins, vous êtes allés voir. Non capitaine, on y va. Personne n’a vu Michmuch. Une bonne heure de recherche et pas de Michmuch. Là, ça commence à craindre du boudin. On refait un deuxième passage partout au cas où on aurait raté un coin. Bredouille. L’inquiétude monte et le capitaine Manique-la-Panique est assise sur une chaise les larmes aux yeux avec bientôt SA crise de palpitations. L’heure est grave. On ne rigole plus du tout. Manique demande si on a regardé dans les classes. Et payi dit que oui dans la sienne mais la balayeuse ferme toujours la porte de bois de la classe de Mademoiselle à Clef alors pas la peine… Pas la peine, quoi pas la peine ??? Et si pour une fois ? Capitaine Manique-la-Panique se relève, allez vite voir !!! On court, et on voit un petit espace comme si la porte de bois n’était pas fermée. Payi se précipite sur la porte. LA porte est bien ouverte, et la porte vitrée aussi. « Michmuch !!! Il est là » Capitaine accourt, pas trop vite à cause des palpitations. Assis à une table de la classe, tout calme, petit frérot, s’est installé, des peintures, des pinceaux, du papier et il joue à l’artiste dans l’obscurité de la classe vide.

L’autre disparition est marrante. C’était un jour où la cousine Suzon était venue. On sait pas trop quand Michel a disparu là non plus. Il était très fort en fait pour ça. En tout cas, on l’a bien cherché une heure encore. Avec la cousine qui a fini par partir en disant de l’appeler quand on l’aurait trouvé. Je crois que c’est manique qui a retrouvé Michmuch cette fois-là. Dans le grand placard de la cuisine, planqué derrière les portes. En fait, la cousine Suzon, était très grosse, mais très très grosse, elle avait une poitrine énorme, et des gros greins de beauté sur le menton, et un peu de poil aussi peut-être… Et on n’était pas fans de ses visites. Alors comme Michmuch en avait un peu peur, il s’était planqué dans le placard pour échapper à ses bisous. Tout simplement.

dimanche 22 juillet 2007

Nos jeux préférés

Dans notre grande maison on pouvait jouer à cache-cache et se chercher des heures. On pouvait aller dans des coins et des recoins où on savait qu’on serait tranquilles très longtemps. Dans notre cour, il y avait un endroit bien précis pour chaque jeu. Le préau était notre terrain de jeu pour la balle et le roller. On disait patins à roulettes nous. Je t’ai déjà parlé des arbres, mais il y avait des tas d’autres endroits de la cour où nous pouvions jouer toute une journée sans nous lasser. Juste à côté de la maison, à droite de la classe de payi, il y avait un petit recoin cimenté. C’était plutôt la qu’on s’installait pour jouer à l’élastique. Entre la classe et le bâtiment des douches municipales. Comme c’était étroit un peu sombre toujours à l’ombre, on s’y réfugiait pour se dire des secrets entre copines. De l’autre côté du bâtiment des douches, il y avait un autre recoin, à coté du portail pour aller chez Boquet. Tout près du garage. Là contre le mur, il y avait les lavabos. J’adorais cet endroit. Juste pour un jeu génial que manique détestait. On commençait par remuer un peu la terre noire qu’il y avait dans le coin, et on faisait des tas de petits monticules, avec des chemins, des barrages, des morceaux de bois pour faire des ponts. Puis on prenait des seaux et on les remplissait d’eau dans les lavabos. Et on mettait l’eau à couler dans les chemins qu’on avait creusés. Tout communiquait, l’eau coulait s’arrêtait aux barrages débordait. Au bout d’un moment il y avait de la boue partout on pataugeait, on avait les mains pleines de terre mouillée, c’était magnifique. Evidement, ça ne durait pas toute la matinée. Quand manique s’apercevait de notre jeu, nous étions déjà pleins de terre, les mains et les ongles tous noirs, et nos vêtements étaient tout sales et tous mouillés. Ca criait fort je te le dis mon petit zacharie. Payi lui râlait, mais juste parce qu’on ne pouvait plus passer par le petit coin, pour aller chez Boquet.

Quand nous en avions fini avec la terre et la boue, nous avions le terrain de sable, juste à côté de la classe de Mademoiselle et au bord de la route. Il y avait une petite muraille en pierre sur laquelle nous montions pour nous lancer dans le sable. Parfois, notre jeu était d’interpeller les automobilistes qui passaient en voiture et de nous cacher vite derrière la murette quand ils tournaient la tête. Un fois, nous jouions ainsi, tous les 4 avec des petits voisins, et il nous est arrivé une petite aventure. C’était un dimanche soir, et il y avait beaucoup de passage, car les gens rentraient de la plage. Nous nous amusions à dire bonjour, à crier des gros mots aux automobilistes, à faire des grimaces. C’était très rigolo. Jusqu’au moment, ou passe un motard. L’un d’entre nous lui crie qu’il avait perdu la serviette de bain qui était sur ses épaules. Le motard, entendant cela fait demi-tour. Pendant ce temps les autres prennent peur et s’échappent pour aller se cacher derrière la murette. Le problème pour moi, c’est que je n’ai pas réagi aussi vite que les autres et que le motard, a posé sa moto et est venu me demander pourquoi on avait crié. Et moi, surprise je lui ai dit que nous nous amusions. Apparemment lui ça ne l’a pas du tout amusé car il voulait aller voir payi pour lui parler de notre petit jeu. Heureusement, il ne l’a pas fait. Je dois dire que j’ai quand même eu assez peur et que j’étais assez fâchée contre les autres.

L’autre endroit génial pour les jeux était la salle des fêtes qui était tout contre le préau.

Rien qu’entre les marches, les fenêtres, les balustrades en fer forgé, nous pouvions passer des soirées à jouer avec les voisins.

Une fois, nous étions tous installés sur les marches avec carotte, et les enfants de la postière. La veille il y avait eu un bal. Nous avions ramassé des tas de cigarettes et de chewing gums que les jeunes avaient jetés. Quand payi est passé devant nous, il nous a trouvés entrain de fumer les mégots de cigarettes et de mâcher les vieux chewing gums que les jeunes avaient jetés.

Là je crois que nous avons été punies Caro et moi. Je en me souvins plus de la punition. Mais je sais que j’ai souvent entendu payi raconter cette hisotires.

lundi 16 juillet 2007

JE DETESTAIS CA...

Il y avait quelques petites choses que je détestais vraiment quand j’avais ton âge et même un peu plus tard et qui m’agaçaient beaucoup.

Je détestais quand le soir à 5 heures, la classe terminée, tous les enfants repartaient chez eux en vélo. Moi, il me suffisait de mettre un pied hors de la classe de faire 10 pas de poser mon cartable contre un mur, et j’étais chez moi. Pas besoin de vélo, pas besoin de parents pour venir me chercher. Je rêvais de sortir de la classe, d’aller au coin des vélos, de poser mon cartable sur le porte-bagages, de l’accrocher, de mettre ma veste autour de ma taille et de partir un peu plus loin.

Alors, certains soirs, je mettais mon cartable contre le mur, je rentrais chercher ma tartine de pain beurré et mes carrés de chocolat Meunier, j’allais au garage chercher un vélo, je passais devant mon cartable posé contre le mur, je le posais sur le porte bagages, et je faisais trois ou quatre fois le tour de la cour, puis j’allais jusqu’au grillage qui était au bord de la route, j’attendais un petit moment, que le bus du collège soit passé, et puis je rentrais.

Il y avait une autre chose que je détestais encore plus, c’était qu’on me dise que j’avais de bonnes notes parce que j’étais la fille de l’instituteur, et que je connaissais les résultats à l’avance. Je trouvais ça tellement injuste d’être la fille du maître d’école, pourquoi j’étais pas la fille de quelqu’un d’autre que personne ne connaissait ? Pourquoi j’habitais pas le quartier de la gare ou le quartier des barthes comme les autres ? Pourquoi quand je levais le doigt en classe je pouvais pas dire « moi m’sieur » et j’avais pas envie de dire « moi papa ! » alors je disais rien ??? Pourquoi c’était toujours à moi qu’on disait « ton père il est sévère !!! » ? Pourquoi, quand j’étais malade et que je restais dans la maison, à la récré y’avait plein de gamins qui venaient se coller à la fenêtre pour me regarder en chemise de nuit ?

Quand on est enfant on a qu’une envie c’est d’être comme les autres, après plus tard, on se rend compte qu’on a eu de la chance, qu’être différent c’est bien aussi. Mais ça on ne le sait que plus tard.

jeudi 12 juillet 2007

Jambon - fromage

Parfois, je ne sais pas pourquoi, nous allions dans une autre épicerie que celle qui était juste à côté de chez nous. Mais c’était secret, manique ne voulait pas que les épiciers le sachent. Elle pensait qu’ils seraient vexés de savoir qu’elle allait faire des courses ailleurs que chez eux. Alors nous avions la recommandation de ne jamais le répéter. L’autre épicier était à Capbreton. On y allait parce qu’il vendait du jambon d’York que manique trouvait le meilleur du monde. Et il avait aussi paraît-il le meilleur fromage râpé de la terre. Quand on allait là-bas, on partait tous les 6. D’ailleurs jusqu’à à peu près 14 ans j’ai suivi payi et manique dans toutes leurs sorties. C’était la règle, manique ne voulait pas nous laisser seuls à la maison. Petits ça allait, mais plus grands c’était un peu la honte, de se trimballer aussi nombreux partout. Parfois je me cachais car j’avis peur que des élèves du collège me voient. Ca m’aurait fait devenir toute rouge et je n’aimais pas ça. Donc, on partait, payi, manique, lolotche, michmuch, carotte et moi acheter le jambon d’York et le gruyère râpé. Seulement comme manique était très timide elle ne sortait jamais de la voiture. En plus elle ne voulait pas que nous restions seuls. Alors seulement payi descendait. Et comme il était quand même très bavard, il avait toujours des tas de choses à raconter à l’épicier. C’était souvent très long. Heureusement, l’épicier avait un fils. Il s’appelait Alain. Et quand nous venions, il se mettait devant la voiture et faisait son numéro de comique. Il faisait le pitre disait manique. Il faisait semblant de tomber et de se faire mal. Il faisait des grimaces. Parfois, il allait chercher son vélo et faisait des acrobaties. Nous, on riait comme des malades. Mais nous n’ouvrions jamais la vitre. Et si nous le faisions il partait en courant se cacher. Parfois, manique disait, ne le regardez pas il va en faire encore plus. Alors, nous on le regardait. Et il en faisait encore plus. Elle disait aussi : « Qu’est-ce qu’il a l’air bête ! » Quand le spectacle était trop long et que payi parlait trop, manique donnait un petit coup de klaxon. Mais ça ne faisait absolument rien. Alors, elle ouvrait la vitre et disait au comique : « Va dire à Monsieur Payi, qu’on l’attend et qu’il se dépêche, s’il te plait ». Alors Alain partait comme une flèche, faisait semblant de trébucher, de foncer dans la porte de rebondir sur la vitrine et rentrait faire la commission. Quand payi revenait enfin manique lui disait que vraiment il exagérait. Et on repartait, très lentement parce que Payi conduisait comme une limace, et chaque fois que je voyais approcher des enfants de mon âge, je me cachais. Et souvent, le supplice se poursuivait, car payi proposait d’aller voir la mer, ou de passer dans la grand’ rue de Capbreton. Heureusement, vers 14 ans, j’avais trop de devoirs de classe, alors j’ai enfin pu rester à la maison.

dimanche 8 juillet 2007

Le verron

Une petite histoire rigolote.

Les seuls animaux que nous pouvions avoir à la maison, c’était soient des poissons, soient des oiseaux. Pas de chien, pas de chat. Manique en avait peur, donc nous aussi. Quand nous allions chez Mamie Laurence à Labenne, manique voulait que les chats soient dehors, et que les chiens soient enfermés. Je crois que ça énervait un peu mamie, et sa fille. Il faudrait aussi que je te raconte un peu comment ça se passait quand on allait chez mamie parce que ça aussi c’était toute un roman. Donc nous avions eu à un moment des canaris. Ils étaient deux et c’était papi le papa de manique qui nous les avait donnés. Mais les canaris s’ennuyaient dans leur cage, et sont morts rapidement. Alors payi nous a acheté des poissons. Je n’aimais déjà pas trop les canaris, mais je n’aimais pas plus les poissons. Je trouvais ça sans intérêt, ça ne parlait pas, ne faisait aucun bruit et passait sa journée à tourner en rond dans l’aquarium. Nos poissons étaient des gupies. Ce sont de minuscules poissons argentés et il y en avait d’autres avec de longues queues rouges. Dans un autre aquarium, nous avions un autre poisson solitaire qui regardait les autres toute la journée. C’était un verron. Et je l’aimais encore moins que les autres. Un jour, je ne sais pas pourquoi, je le regardais tourner en rond et j’ai eu envie de l’énerver un peu. Alors j’ai commencé à mettre ma main d’un coté de l’aquarium puis de l’autre pour l’exciter. Et ça a marché. Il tournait d’un côté à l’autre pour trouver un côté où je n’avais pas mis ma main. Moi j’allais de plus en plus vite et ça me faisait bien rire. Au bout 5 minutes de ce petit jeu, j’étais très excitée et le poisson aussi. Il ne savait plus dans quel sens aller. Mais tout à coup, le poisson devenu complètement fou, a sauté hors de l’aquarium. Moi, j’avais le visage juste au dessus de l’eau et je l’ai reçu en pleine poire. Je dois dire que j’étais aussi surprise qu’effrayée. Ca m’a mise encore plus en colère. Le poisson lui était parterre. J’étais très très en colère contre lui, alors je l’ai regarder sautiller sur le carrelage rouge. Puis il est mort, et je l’ai remis dans l’eau sans rien dire à personne. Je n’ai jamais dit ce qui c’était passé.

samedi 7 juillet 2007

le voleur de voiture

Une aventure. Un vraie. Enfin presque. Une histoire comme on en lit parfois dans les livres de la bibliothèque rose.

Un soir d’été, au mois de juin, il nous est arrivé à tous les 4, michmuch, carotte, lolotche et moi, une chose effrayante et extraordinaire.

Payi et Manique ne sortaient que très rarement sans nous. Payi sortait presque tous les soirs mais seul.

Mais une fois par an, il y avait une occasion qu’ils ne rataient sous aucun prétexte. C’était le repas des collègues instituteurs. A cette occasion, manique allait chez le coiffeur, mettait une jolie robe élégante, vernissait ses ongles et se maquillait un peu. La robe était souvent un peu courte avec un joli décolleté. Je la revois avec sa robe bleue marine avec de gros pois blancs et une écharpe cravate. Elle avait aussi une robe en maille turquoise, qui se boutonnait dans le dos et laissait voir son dos bronzé par une sorte de hublot tout rond. Elle l’avait achetée avec tatami, qui elle l’avait choisie orange, pendant que payi et tonton jean étaient partis à la pêche. Le soir, elle avaient toutes les deux mis la robe, car elle étaient certaines qu’aucun des deux ne le remarquerait. Et c’est ce qui est arrivé.

Donc ce soir-là, comme nous ne restions pas seuls dans la grande maison, c’est mamie Laurence la maman de Payi qui venait nous garder. Si tu l’avais connue tu l’aurais aimée car elle était très rigolote et je crois que tu l’aurais faite bien rire.

Des collègues de Payi étaient passés à la maison, pour laisser leur fille avec nous, pour que mamie Laurence la garde aussi. Ils avaient laissé leur voiture dans la cour de l’école, juste devant la fenêtre de la cuisine. Quand les parents sont partis nous étions tous en pyjamas devant notre assiette de jambon-purée. Mamie Laurence tricotait ou faisait des mots croisés en regardant la télé. Puis comme d’habitude, elle s’endormait dans le fauteuil et nous pouvions jouer tranquilles. Nous pouvions courir partout dans la maison, écouter des la musique, crier, rien ne la réveillait. J’étais la plus grande et aussi la plus raisonnable. Carotte et corine, jouaient aux poupées mannequin et avaient étalé des robes partout. Carotte avait des tonnes de tenues de poupées, car manique, mamie Laurence et tante Jeanette qui était couturière lui en fabriquait avec des chutes de tissus. Michmuch et Lolotche jouaient aux légos et en avaient aussi étalé partout parterre. Et moi comme la plupart du temps je lisais.

Quand la nuit est tombée, j’ai posé mon livre pour aller fermer le rideau de la cuisine car je n’aimais pas voir la nuit. En passant devant la fenêtre, dans la voiture de monsieur KR, il m’a semblé voir une ombre. J’ai mieux regardé et j’ai vu qu’un homme était monté dans la voiture et essayait de la voler. J’ai gardé mon calme et je suis allée voir les autre pour leur dire de ne pas avoir peur mais qu’il y avait un cambrioleur dans la cour. Bien sûr, ça a excité tout le monde. Et on a tous sauté sur Mamie Laurence pour la réveiller. Tout de suite elle a mis ses grosses pantoufles et voulu sortir pour chasser le voleur. Mais cette idée ne nous paraissait pas bonne car nous avions peur qu’il la tue. Nous nous sommes tous mis à la fenêtre et avons crié et tapé au carreau. Alors, le voleur est sorti en courant de la voiture et s’est dirigé vers le portail. Il avait du avoir très peur de se faire prendre et s’était échappé vers la poste. Ouf !!! Mamie pouvait se rendormir et nous recommencer de faire du bazar. Un moment plus, tard j’ai quand même eu l’idée de repasser devant la fenêtre et de tirer un peu le rideau. Et là je vois l’ombre à nouveau dans la voiture entrain de trafiquer le démarreur. Sans rien dire, je me dirige vers le téléphone et je compose le numéro du restaurant où payi et manique dînaient. Je demande à parler vite vite à Payi qui arrive aussitôt « Quelqu’un veut voler la voiture de monsieur KR, venez vite vite ». Pendant ce temps mamie Laurence s’était réveillé et remettait ses pantoufles pour sortir. Et les petits recommençaient à crier à la fenêtre en tapant. Mais là le voleur était paralysé au volant et essayait en vain de démarrer. En un quart d’heure payi et deux autres collègues ont fait la route depuis le restau. Ils sont arrivés comme des flêches dans la cour de l’école et sont descendus en courant. Monsieur KR s’est jeté sur la portière de la voiture et a attrapé le voleur qui essayait de s’enfuir. Il l’a collé contre la voiture et lui a fichu un coup de poing énorme dans la figure. Pendant de temps payi le tenait pas les mains et l’autre collègue s’agitait dans tous les sens en parlant mais ne faisait rien. Je n’aimais pas qu’on frappe même si c’était un voleur et qu’on avait tous eu très peur. Je ne sais plus qui l’avait appelé, mais très vite le camion bleu de la police est arrivé, avec la sirène et le gyrophare. C’était un tout jeune homme, qui semblait avoir très peur, et il l’ont amené les menottes aux poignets.

Le lendemain, la police est revenue. Le Jeune garçon était dans le panier à salade, il baissait la tête et avait l’air très honteux. Il n’avait plus l’air aussi effrayant que la veille.

Nous on étaient tout fiers de cette aventure qui nous a quand même fait très très peur. Sauf Mamie Laurence qui je crois aurait bien aimé tirer les oreilles du voleur.

dimanche 1 juillet 2007

Carotte, Lolotche et Sylvinou

Manique comme je te l’ai dit plusieurs fois, avait toujours peur qu’il nous arrive malheur. Elle était un peu trouillarde. Elle voulait nous protéger de tout. Elle croyait nous aider en nous parlant toujours des dangers que nous courions. Et il y avait un danger principal pour elle c’était de nous laisser traverser une route seul. Nous ne le faisions jamais et le jour où elle nous a autorisés à aller à la boulangerie seuls, fut à marquer d’une pierre rouge ou blanche.

Bien sûr la boulangère nous connaissait très bien puisqu’elle nous connaissait depuis que nous étions bébés. Moi elle m’appelait sylvinou, c’est là seule personne qui m’ait donné un surnom, parce qu’à la différence de carotte et lolotche, mon prénom était trop court pour être raccourci avec un surnom. Alors j’étais très fière qu’elle au moins ait trouvé un moyen de me surnommer en rallongeant mon prénom. Il m’est arrivé deux ou trois fois dans ma vie que quelqu’un m’appelle sylvinou, et chaque fois je pense à la boulangère de mon enfance avec tendresse.

Tu sais il y a des personnes que tu croises souvent quand tu es enfant, que tu vois tous les jours, et tu ne te demandes pas si tu les aimes ou pas, elles sont là. Et puis, un jour quand tu es plus grand, quelque chose te refait penser à elles et tu te rends compte que tu les aimais bien et qu’elles t’aimaient bien. Il y a pleins de petites histoires qui te reviennent.

Quand j’entends Sylvinou, je revois une photo de moi, assise dans le jardin de la boulangerie, je dois avoir deux ans et je crois que j’ai une petite robe blanche. Si tu farfouilles dans le coffret en bois où manique mettait les photos tu la retrouveras peut-être….

Quand j’entends Sylvinou, je repense au fils de la boulangère que je trouvais si beau…. Mais qui était beaucoup plus vieux que moi. Et puis je repense à la jolie jeune fille qui un jour avait fait son apparition derrière le comptoir de la boulagerie. Elle était très jolie et très très jeune. C’était la fiancée du fils de la boulangère, ils allaient se marier et elle allait bientôt avoir un bébé. Elle avait de jolis cheveux raides comme j’aurais voulu en avoir, et de grands yeux ronds que je trouvais très beaux. Je trouvais qu’ils allaient très bien ensemble car ils étaient beaux et jeunes tous les deux. Quand j’étais adolescente j’allais encore tous les jours chercher le pain, et elle elle ne devait pas être sortie de l’adolescence depuis très longtemps. Alors, on bavardait un peu, et j’étais fière de lui parler comme à une grande sœur, même si elle ne s’en doutait pas.

Quand j’entends Sylvinou, je revois LE BOULANGER. Il ne sortait que très rarement du fournil. Je le revois avec son marcel tout blanc, son pantalon tout blanc aussi et lui aussi était toujours tout blanc de farine. Il n’était pas très bavard et me faisait un peu peur.

Quand j’entends Sylvinou, je pense à la baguette sur plaque bien blanche que manique nous recommandait d’acheter, aux coux à la crème du dimanche, aux esquimaux à la fraise de l’été, et aux poches de bonbecks.

Quand j’entends Sylvinou, repense à une petite plaisanterie que nous faisions avec la jeune boulangère quand nous achetions des croissants. Un jour elle nous avait raconté que certaines personnes n’arrivaient pas à dire correctement « trois croissants ». pourtant ça ne nous apraissait pas très compliqué. Alors nous avions passé un grnad moment de fou-rire à chercher des façons de dire trois croissants en se trompant : ta cassant, tro crossants, tois coissants… Et comme elle était à peine plus âgée que carotte et moi, elle s’amusait autant que nous.

Quand j’entends Sylvinou, je repense à un jour où très préssés d’aller acheter des bonbecks avec le meilleur pote de carotte, juan-lucas, nous avions pris un raccourci par en passant par le terrain de la forge et nous courrions tellement vite que juan-lucas a oublié de baisser la tête pour passer sous le barbelé de la cloture, et pof le barbelé s’est planté dans sa lèvre et la lui a déchirée. Je suis sûre qu’il a encore la cicatrice. Bien sûr à la suite de cet incident, manique ne voulait plus que nous passions par la forge, mais nous le faisions quand même en prenant soin qu’elle ne nous voit pas de sa fenêtre.

Puis, quand nous avions 14 ou 15 ans, l’été, nous profitions de nos expéditions à la boulangerie pour bien longer la route qui passe le long du fronton et regarder qui jouait à la pala. Souvent des jeunes de notre âge passaient la matinée à taper dans une balle. C’était souvent des jeunes qui étaient en vacances dans le village. Alors Carotte, lolotche et moi nous passions en « faisant nos belles », bien contentes de devoir aller à la boulangerie et même parfois d’avoir oublié un pain, ou de la farine et de devoir repartir.

Tu vois Zac, toutes ces personnes que tu vois souvent pendant ton enfance, je suis certaine que toi aussi plus tard, quand tu penseras à elles, des tas de souvenirs te reviendront. Et beaucoup d’émotion parce qu’ils sont toujours là dans un petit coin de ton cœur, il suffit de fouiller un peu et c'est là.