jeudi 12 juillet 2007

Jambon - fromage

Parfois, je ne sais pas pourquoi, nous allions dans une autre épicerie que celle qui était juste à côté de chez nous. Mais c’était secret, manique ne voulait pas que les épiciers le sachent. Elle pensait qu’ils seraient vexés de savoir qu’elle allait faire des courses ailleurs que chez eux. Alors nous avions la recommandation de ne jamais le répéter. L’autre épicier était à Capbreton. On y allait parce qu’il vendait du jambon d’York que manique trouvait le meilleur du monde. Et il avait aussi paraît-il le meilleur fromage râpé de la terre. Quand on allait là-bas, on partait tous les 6. D’ailleurs jusqu’à à peu près 14 ans j’ai suivi payi et manique dans toutes leurs sorties. C’était la règle, manique ne voulait pas nous laisser seuls à la maison. Petits ça allait, mais plus grands c’était un peu la honte, de se trimballer aussi nombreux partout. Parfois je me cachais car j’avis peur que des élèves du collège me voient. Ca m’aurait fait devenir toute rouge et je n’aimais pas ça. Donc, on partait, payi, manique, lolotche, michmuch, carotte et moi acheter le jambon d’York et le gruyère râpé. Seulement comme manique était très timide elle ne sortait jamais de la voiture. En plus elle ne voulait pas que nous restions seuls. Alors seulement payi descendait. Et comme il était quand même très bavard, il avait toujours des tas de choses à raconter à l’épicier. C’était souvent très long. Heureusement, l’épicier avait un fils. Il s’appelait Alain. Et quand nous venions, il se mettait devant la voiture et faisait son numéro de comique. Il faisait le pitre disait manique. Il faisait semblant de tomber et de se faire mal. Il faisait des grimaces. Parfois, il allait chercher son vélo et faisait des acrobaties. Nous, on riait comme des malades. Mais nous n’ouvrions jamais la vitre. Et si nous le faisions il partait en courant se cacher. Parfois, manique disait, ne le regardez pas il va en faire encore plus. Alors, nous on le regardait. Et il en faisait encore plus. Elle disait aussi : « Qu’est-ce qu’il a l’air bête ! » Quand le spectacle était trop long et que payi parlait trop, manique donnait un petit coup de klaxon. Mais ça ne faisait absolument rien. Alors, elle ouvrait la vitre et disait au comique : « Va dire à Monsieur Payi, qu’on l’attend et qu’il se dépêche, s’il te plait ». Alors Alain partait comme une flèche, faisait semblant de trébucher, de foncer dans la porte de rebondir sur la vitrine et rentrait faire la commission. Quand payi revenait enfin manique lui disait que vraiment il exagérait. Et on repartait, très lentement parce que Payi conduisait comme une limace, et chaque fois que je voyais approcher des enfants de mon âge, je me cachais. Et souvent, le supplice se poursuivait, car payi proposait d’aller voir la mer, ou de passer dans la grand’ rue de Capbreton. Heureusement, vers 14 ans, j’avais trop de devoirs de classe, alors j’ai enfin pu rester à la maison.

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