Les disparitions
Je t’ai raconté que la maison et la cour étaient grandes et qu’on pouvait y jouer dans des tas de coins. On pouvait aussi y faire des tas de bêtises comme je l’ai dit dans l’autre histoire. Il y a une bêtise que je n’ai pas faite mais que carotte, michmuch et lolotche ont faite tous les trois, c’est disparaître.
D’abord carotte. C’était un dimanche soir. On avait bien joué l’après-midi. Puis peut-être qu’o s’était disputées, je ne sais plus. En tout cas, quand manique nous a appelées pour rentrer vers 6 heures, je suis revenue seule. Pas de carotte. Je commence par aller « au sable » pour voir si elle n’y était pas restée, mais non. Je fais le tour de la grande cour et je passe par tous les petits coins. Personne. Je reviens seule encore et là manique commence à s’énerver. On cherche dans toute la maison et on ne la trouve pas non plus. Payi est prévenu et il va chercher coté Boquet, coté Madame rivol, coté poste. Il revient bredouille. Manique pleure et moi j’ai quand même un peu la trouille. Payi et manique se demandent où ils n’ont pas cherché. Elle est peut-être partie un peu plus loin…. Nous pensons qu’elle a aussi pu aller vers chez Boquet… Ou jouer chez une voisine… Alors payi repart. Trente secondes plus tard, nous le voyons revenir avec Carotte tout sourire sorti comme toujours, toute fière d’elle. Tout simplement, elle s’était assis au bord de la route pour regarder passer les voitures. Sauf que c’était juste dans une sortie de virage, en plein mois d’Août à l’heure du retour de la plage. Tranquille
Puis Lolotche. C’était encore un dimanche. Et c’était genre fête de Soorts. Du monde partout sur la place, au bord des routes, dans la cour de l’école, dans les classes changées en vestiaires pour les coureurs cyclistes qui allaient tourner sur les routes tout l’après midi. Nous, on avait pas le droit de passer le portail, car il y avait trop de monde. Alors on regardait la course depuis la cour, derrière le grillage. Manique était à l’intérieur de la maison et Payi on ne sait pas car un jour de fête du village il avait trop de choses à faire pour être à la maison… On ne le revoyait que le soir tard. Il rentrait avec un air un peu bizarre plutôt gai, souvent quand on avait déjà mangé, et manique avait elle un air bizarre mais plutôt très en colère. Bref, donc on regardait passer les coureurs. Et mince, on s’aperçoit que Lolotche n’est plus là. On court voir si elle est rentrèe. Panique de Manique. On sort tous. On l’appelle. Manique court un peu dans tous les sens. Quand tout à coup on voit arriver le garde-champêtre avec la petite lolotche dans les bras. Elle devait avoir deux ou trois ans… Elle avait voulu voir la course de plus près. Et aussi elle avait repéré que Françoise la voisine qu’elle aimait bien était de l’autre côté de la route avec ses frères. Alors mademoiselle était sortie pour les rejoindre. Elle était allée jusqu’au bord de la route et elle avait décidé de traverser en courant pour rejoindre Françoise juste au moment du passage des coureurs, sous l’œil horrifié des spectateurs. Heureusement, ils l’avaient évitée. Encore une fois ce soir là, nous avons eu droit à la longue liste des « ce qui aurait pu arriver, si… », mais deux fois, une fois pour nous à table, et une fois quand payi est rentré.
Pour Michmuch il y a deux disparitions.
Une, encore un dimanche après-midi. Tout était calme. Nous étions tous dedans. Ou nous jouions juste devant la porte. Rien à craindre donc. Alors là, va savoir comment, personne n’a rien remarqué pendant un grand moment. Je crois que Payi et Manique devaient faire la sieste…. A leur réveil où est passé Michmuch, Coquelicot ? Je sais pas. Carotte ? Je sais pas non plus. Lolotche, elle dort dans son petit lit. Branle-bas de combat. Recherches dans tous les coins de la maison, de la cour, du tour de la cour, intérieur, extérieur, rien de rien capitaine Manique-la-Panique !!! Euh le garage vous avez regardé au fond du garage ??? Allez vite voir. Toujours rien capitaine. Et chez les voisins, vous êtes allés voir. Non capitaine, on y va. Personne n’a vu Michmuch. Une bonne heure de recherche et pas de Michmuch. Là, ça commence à craindre du boudin. On refait un deuxième passage partout au cas où on aurait raté un coin. Bredouille. L’inquiétude monte et le capitaine Manique-la-Panique est assise sur une chaise les larmes aux yeux avec bientôt SA crise de palpitations. L’heure est grave. On ne rigole plus du tout. Manique demande si on a regardé dans les classes. Et payi dit que oui dans la sienne mais la balayeuse ferme toujours la porte de bois de la classe de Mademoiselle à Clef alors pas la peine… Pas la peine, quoi pas la peine ??? Et si pour une fois ? Capitaine Manique-la-Panique se relève, allez vite voir !!! On court, et on voit un petit espace comme si la porte de bois n’était pas fermée. Payi se précipite sur la porte. LA porte est bien ouverte, et la porte vitrée aussi. « Michmuch !!! Il est là » Capitaine accourt, pas trop vite à cause des palpitations. Assis à une table de la classe, tout calme, petit frérot, s’est installé, des peintures, des pinceaux, du papier et il joue à l’artiste dans l’obscurité de la classe vide.
L’autre disparition est marrante. C’était un jour où la cousine Suzon était venue. On sait pas trop quand Michel a disparu là non plus. Il était très fort en fait pour ça. En tout cas, on l’a bien cherché une heure encore. Avec la cousine qui a fini par partir en disant de l’appeler quand on l’aurait trouvé. Je crois que c’est manique qui a retrouvé Michmuch cette fois-là. Dans le grand placard de la cuisine, planqué derrière les portes. En fait, la cousine Suzon, était très grosse, mais très très grosse, elle avait une poitrine énorme, et des gros greins de beauté sur le menton, et un peu de poil aussi peut-être… Et on n’était pas fans de ses visites. Alors comme Michmuch en avait un peu peur, il s’était planqué dans le placard pour échapper à ses bisous. Tout simplement.